Le projet Alfred



L’été de cette drôle d’année commençant, j’ai à cœur de réaliser un projet personnel que j’ai dans mes fichiers depuis longtemps et mettre en application ce que je propose depuis des années à mes clients, à savoir réaliser un livre sur la vie de notre grand-père paternel, car bien que courte elle fût riche et complexe.

Alfred, pour moi, comme pour mes frère et sœur, ainsi que mes cousins, est longtemps demeuré une énigme. Fantôme présent dans les conversations familiales dont les bribes parvenaient à nos oreilles, j’identifiais les mots « capitaine », « guerre », « Castelnaudary », « prisonnier ».
C’est également un visage, une silhouette présents sur des dizaines de photos. C’est aussi un nom gravé sur une pierre tombale avec les dates suivantes « 1906 – 1950 ».
C’est enfin, un présent-absent, une figure familiale dont je tiens mon nom et dont j’ignorais tout.
Il est aussi l’ancêtre qui m’a donné envie de m’intéresser à mon histoire familiale.

Ce billet relate la première partie de son histoire, à travers les archives familiales mais aussi les recherches que j’ai menées.

Alfred Honoré est né le 15 novembre 1906 à Chalabre dans l’Aude. Il est le fils de Paul et de Marie. Il est le frère de Guillaume, son aîné de 15 ans. Son père, au moment de sa naissance est cantonnier au chemin de fer du midi. Il est âgé de 41 ans. Sa mère Marie, est âgée de 35 ans.
Quelque temps après sa naissance, la famille déménage pour Soupex, toujours dans l’Aude.
Ils résident alors à la barrière n°11 ; Paul a été promu chef cantonnier au chemin de fer du midi, Marie est devenue garde-barrière.
Paul et Marie ont d’ailleurs résidé à Soupex après leur mariage : Paul était alors cultivateur – métayer. Leur fils aîné Guillaume y naît le 3 septembre 1891.
C’est donc un retour aux sources : la famille se rapproche de Montmaur, où est né Paul et où est domiciliée Marie. C’est là qu’ils se sont mariés le 18 novembre 1890.
Quelques temps après leur installation à Soupex, le 21 avril 1907 Guillaume, le fils aîné, décède d’une congestion. L’histoire familiale dit qu’il avait longuement couru sous la chaleur et s’était désaltéré avec l’eau glacée d’une fontaine. Aucune photo, aucun portrait, aucune image de cet adolescent ne sont parvenus jusqu’à nous.
Alfred n’a pas encore un an. On imagine aisément l’état de stupéfaction dans lequel se retrouve plongée cette famille et les conséquences de ce drame sur ce petit enfant.

Je ne sais que peu de choses de l’enfance d’Alfred. Ses propres enfants n’en savent pas davantage. Il a dû être un bon élève, plutôt sérieux. Il vit à la campagne, au rythme des saisons, dans une famille où l’on est attaché à la terre et où chacun prête la main pour les travaux s’y rapportant. Je ne sais pas quelles ont été ses aspirations, les choix qui lui ont été soumis ou imposés. J’ignore également quel a été son parcours scolaire. De grands pans de son histoire restent pour le moment sans réponse. Quand la question de son avenir se pose, il opte pour une carrière militaire. Son choix est-il dicté par le récit des aventures de son père au Tonkin, celles de son oncle Marc décédé à Madagascar, ou encore celles de son grand-père Guillaume qui par les hasards de la conscription s’est retrouvé embarqué pour le Mexique ? Le voilà donc intégrant l’école de Saint-Maixent, école militaire d’infanterie. Là encore, je ne sais que peu de choses ; mais mes recherches sont en cours… Il quitte donc le Lauragais, pour le Poitou. Mais contrairement à son père et son grand-père qui eux après leur période militaire sont revenus sur leur terre natale, Alfred ne reviendra pas s’y installer pour fonder une famille. Une carrière militaire qu’il espère brillante s’ouvre à lui.

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