Le père d’Alfred

Le projet Alfred ou le livre-mémoire de notre grand-père prend forme.
Dans ce billet nous faisons connaissance de son père, Paul qui par les hasards de la conscription, partit jeune-homme au Tonkin.

Son père Paul - canonnier au Tonkin

Paul, le père d’Alfred, est né le 29 août 1865 à Montmaur dans le département de l’Aude. Il est le fils aîné de Guillaume et de Marie. Ses parents sont agriculteurs. Jeune homme, il s’apprête à suivre la voie de ses parents, mais les hasards de la conscription vont alors en décider autrement. En décembre 1886, âgé de 21 ans, il est incorporé au régiment d’artillerie de marine. Après une année de formation à Toulon, il prend place à partir de février 1888 sur le navire de transport l’Annamite, destination le Tonkin.
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Paul - Canonnier au Tonkin - crédit photo Jourda

La France est présente en Asie du sud-est depuis les années 1860. Les grandes puissances européennes se livrent une véritable bataille pour l’accès à la Chine et à ses promesses d’expansion économique.
Le Tonkin est la partie septentrionale du Vietnam. Son histoire se confond avec celle de la conquête coloniale, puis celle de la pacification.
Pour avoir une idée des conditions de son voyage jusqu’en Asie, je me suis reportée sur ce récit écrit à la fin du 19ème siècle par un sergent, engagé volontaire pour partir servir au Tonkin.

Nestor Villot, (c’est son nom) raconte dans la première partie de son ouvrage, sa traversée depuis Toulon, périple de deux mois à bord du Cachar, qui le mènera à Haïphong, en passant par Alger, Port Saïd, le canal de Suez, la mer rouge, Obok, Ceylan, Malacca, Sumatra et Singapour.
Son récit rédigé au présent est précieux ; il témoigne de la vie quotidienne à bord, des attentes et des interrogations d’un jeune homme, né loin de la mer à Bourg dans l’Ain et qui découvre le monde. Il y décrit le mal de mer des premiers jours, la promiscuité sur le bateau, la chaleur, la soif, mais aussi l’émerveillement devant ces paysages exotiques. L’identification à notre arrière-grand-père est alors assez aisée.

Malheureusement, à part ses papiers militaires et son attestation de médaille commémorative rien du séjour de Paul n’est parvenu jusqu’à nous. Aucun récit, aucune anecdote, aucune « légende familiale ». Démobilisé en juin 1890, il se marie en novembre et fonde rapidement une famille. On ne saura jamais ce qu’il a pu raconter (ou ce qu’il a tu) à ses proches, à sa femme, à ses deux fils. On ne peut qu’imaginer l’état d’esprit d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui a entendu les récits de son père, parti en son temps au Mexique ; ce jeune homme qui travaillait la terre, va être confronté aux armes, à la guerre, à la mort de ses camarades, loin de chez lui, sous un autre climat.
Quelle influence cette partie de la vie de Paul aura-t-elle eu sur Alfred et ses choix de carrière ? 

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Paul, grand-père en 1935 avec sa petite fille - crédit photo Jourda

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